Ce projet est né de notre rencontre. Après 6500 km parcourus à pieds, Ricardo est arrivé à Bordeaux pour m’aider à achever la transformation de ma péniche, en habitation. Si l’idée d’un ailleurs était déjà présente en moi lorsque j’ai acheté cette péniche en 2012, il me restait à larguer les amarres, Ricardo m’a convaincu. Partir à la rencontre du monde, à notre rythme, celui qui fait l'éloge de la lenteur, non plus à pieds mais à vélo. Une partition à 4 roues, clin d’oeil à l’autre passion de Ricardo, la voiture qu’il se plaît à photographier après avoir été pilote de course.

Deux années se sont égrenées depuis, nécessaire pour moi, pour entamer ce processus qui nous conduit tous un jour, à quitter notre emploi. Travaillant comme psychologue dans une institution accueillant des jeunes en difficultés sociale, psychologique et cognitive, plus la date de mon départ approchait, moins je pouvais le penser en terme de rupture avec ces jeunes que j’accompagne depuis 20 ans au sein de l’IME/ITEP de la Fondation de l’Isle à Neuvic en Dorgogne, où la notion d’attachement nous porte, donnant sens à nos interventions.

De là est née l’idée de rester en lien avec l’établissement, non pas au fil d’un lien qui sclérose, enferme, mais qui ouvre à l’autre et au monde, au delà de l’espace qui nous sépare et que nous partageons aussi.

Ricardo, dans sa quête, souhaitait renouer avec son passé et retrouver un lieu qui lui est cher et auquel il reste attaché: le Pérou. Imaginant nos tours de roue comme un fil qui entre-lasse les mondes, pourquoi dès lors ne pas mettre en lien des enfants péruviens ayant également subi des traumatismes entravant leur possibilités d’évolution avec les enfants de l'institution où je travaille.

Notre réflexion, nous a alors orienté vers la notion de respect de la planète, au jour où l'écologie devient un sujet de préoccupation majeur. Amener ces jeunes à partager leurs forces autour de ce combat pour notre monde, en travaillant de concert avec des enfants pouvant bénéficier d'une scolarisation en milieu ordinaire. Nous leur proposerons de jouer, fabriquer, transformer... avec pour seul matériau ce que nous laissons derrière nous, ces déchets que nous refusons de voir, à l’image de ces enfants laissés pour compte. Nous les inviterons, tels des alchimistes, à faire du beau à partir du laid, à être acteur de cette opération de transformation qui sous tend aussi le travail thérapeutique que j’ai souhaité mener tout au long de ma carrière.

L’association Sol y Luna basée à Urubamba, au Pérou, dont les objectifs recoupent ceux de la Fondation de l’Isle, a accepté de partager avec nous cette aventure que nous allons préparer ensemble d’ici notre départ prévu en septembre 2020.

Voici en résumé, le projet que nous souhaitons vous proposer de soutenir afin de nouer cette chaîne humaine au fil d’un voyage où l’inconnu fait les journées vagabondes et uniques.

Pascale